Tu vas au boulot, en cours, chez un pote ou chez toi. T'es perdu dans tes pensées, tu lis ou t'écoutes de la musique. Tu marches dans la rue ou tu prends le métro, le bus, le tramway ou le RER. Il est là, grand ou petit, vieux ou jeune et tu le connais pas. Il t'interpelles ou te harcèle, il te touche, te colle ou te caresse. Tu l'évites, t'écartes ou t'échappes. Tu ne prend pas forcément conscience toute de suite de ce qu'il se passe, c'est l'heure de pointe, tout le monde touche tout le monde mais lui ne te lâche pas. Tu ne sais pas comment réagir, il n'a pourtant pas le droit de faire ça. Tu n'oses pas crier, tu n'oses pas le frapper, tu n'oses pas lui dire de dégager. T'es coincée. Tu regardes les stations qui défilent avec angoisse. Plus que trois. Deux. Encore une. Enfin c'est la tienne et tu t'extirpes en vitesse. Pas un regard, pas une parole. Un malaise et du dégoût. Mais il se prend pour qui se porc ? T'es révulsée mais tu te tais. Parce qu'on nous apprend plus à la fermer qu'à gueuler. Parce que même si c'est pas ta faute, t'arrives pas à te rebeller. Parce que t'es une fille et lui c'est un homme. ©