• Il est accoudé au bar, on est samedi soir. Pour lui, ça veut plus grosse soirée de boulot. Il est derrière le comptoir à servir les verres. Et il observe. Il regarde toutes les personnes présentes, et les gamines, de sorties elles aussi. Il les regarde qui flageolent sur leurs talons, pas encore assez habituées à marcher avec. Leurs jupes qui leur arrivent à mi-cuisse, sans doute trop courtes, dans tous les cas provocantes. Leur maquillage trop chargé et leurs jambes tellement fines qu'on les dirait prêtes à casser. Il les voit toutes ces filles semblables les uns aux autres, copié-collés des nanas longilignes des magazines. Mais il voit que ces filles-là sont trop jeunes pour être ici, elles ont quoi 15, 16 ans ? Mais il les sert, c'est pas lui le videur. Si elles sont entrées, elles sont clientes et il doit les servir. 

    Toutes ces filles aux airs d'allumeuses candides. Il les trouve à la fois mignonnes et effrayantes. Comme si on avait donné grandeur nature à des poupées. Un drôle de mélange entre l'enfance et le milieu nocturne. Elles n'ont pas leur place ici mais elles veulent en trouver une. Ce sont encore des gamines, des gosses qui jouent aux grandes filles. Des enfants grandies trop vite. 

    Il pense à leurs parents, savent-ils où elles sont ? Ce qu'elles font ? Les imaginent-ils dans un de ces bars à enquiller des shots et des cocktails en se faisant servir par des mecs au double de leur âge ? Probablement pas, on ne voit que ce que l'on veut bien voir. Elles lui font de la peine ces minettes. Il les voit fumer cigarettes et joints, avaler para' et buvards, vous vous piquer aussi ? Aurait-il parfois envie de demander. Mais c'est pas son rôle. Lui il est là pour s'assurer qu'elles rentreront chez elles en rampant après avoir dégueulé leurs tripes. 

    Il a pas de gosse lui, il a son bar. N'empêche, en regardant toutes ces jolies nymphettes il se dit que c'est pas plus mal. Il passerait son temps à flipper s'il avait une gamine. Il pourrait pas la laisser sortir, il serait un de ces pères trop protecteurs, étouffants, dont on finit par avoir honte ou qu'on veut fuir. Il voudrait pas d'un kid qui veut pas de lui, ça ferait trop mal. Alors il se contente des gamins des autres, il leur sert à boire mais il s'assure toujours d'un œil ou d'une phrase que ça va. Et si il voit qu'ils sont déjà trop bourrés, il évite de les resservir de suite. Mais il a pas trop le choix. Même si ça lui fait mal de voir une jeunesse aussi détruite. 

    Il peut pas s'empêcher d'avoir pitié mais en même temps, il ferait bien la même chose lui, à leur place. 

    Quelle merde de siècle. ©

     

    Image de skins, cassie, and party 


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  • Il la regarde allumer sa cigarette. Sa putain de cigarette. Il la regarde aspirer quelques bouffées, comme si sa vie en dépendait. Il la regarde qui recrache la fumée avec délectations, les paupières à demi fermées. Elle semble en extase. Elle prend un plaisir tout orgasmique à fumer cette foutue clope. Il a envie de la lui arracher, retirer de ses lèvres ce bâton cancéreux.

    Elle a la beauté d’une fleur brûlée.

    Il ne supporte pas de la voir prendre autant de plaisir avec ce simple cylindre de tabac. Il ne supporte pas qu’elle soit comme ça avec sa garo mais jamais avec lui. Il ne supporte pas cette satisfaction égoïste, comme si la cigarette était tout ce qui importait et que lui, il pouvait bien crever la bouche ouverte elle ne le remarquerait même pas. Putain qu’est-ce qu’elle le rend malade. Et elle ne s’en rend absolument pas compte de cette douleur qu’elle lui inflige.

    Elle lui a bien proposé, les premières fois, et il a accepté. Mais il ne comprend pas, il ne voit pas ce qu’elle trouve à cette cigarette post-coïtale. Qu’y-a-t-il de si magique qu’il n’arrive pourtant pas à saisir ? Il se pose la question à chaque fois, sans succès. Alors il se contente de regarder les volutes de fumée s’enrouler dans les airs, la bouche en cœur, les yeux fermés et les soupirs de bien-être. Ces paupières closes le rendent fou elles aussi. Une autre barrière, un autre mystère. Elle s’enferme dans son univers, l’excluant sciemment, du moins le voit-il ainsi. Elle ne partage pas, ne communique pas. Il reste seul, assis comme un con au pied du lit à la regarder jusqu’à tant qu’elle ait fini.

    Il a fini par être écœuré par cette odeur, ce mélange de nicotine aux relents du sexe, ce mélange âpre et doux à la fois qui le prend à la gorge et lui donne presque envie de vomir. Il voudrait pouvoir ouvrir la fenêtre mais il fait trop froid dehors alors il laisse les effluves stagner. Ce parfum qui colle à sa peau à elle. Ce parfum qui l’étourdissait, lui, avant. Il le respirait dans le creux de son cou avec délectation, cherchant à reconnaitre ces senteurs. Mais c’était avant, avant qu’il ne sache, avant qu’il ne comprenne, avant qu’il ne se heurte, avant qu’il ne voit.

    Elle a perdu de sa splendeur depuis mais elle le fascine quand même, différemment. Il la désire encore. Et c’est pour ça qu’il ne dit rien. Parce que c’est elle et sa clope, interdire l’un c’est supprimer l’autre. Il sait que s’il lui demande d’arrêter de fumer après l’acte, elle s’en ira tout simplement. Sans un mot, sans une excuse, elle disparaitra dans les volutes enfumées. Et il la perdra. Et il ne le supporterait pas. C’est pour ça qu’il reste assis à attendre qu’elle ait fini alors qu’il ne pense qu’à briser sa sèche en deux et la balancer par la fenêtre.

     

    Putain, qu’est-ce qu’il la hait. ©

     

    Image de girl, smoke, and cigarette 


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  • Cross the bridge and come to the other side

    It's all gonna be alright

    Come to Wonderland 

    Forget all your worries

    Come to Neverland forget all your miseries

     

    There's a land waiting for you out there

    Some magic powder 

    Given by your fairy godmother

    Take a deep breath and jump in the air

    You'll see you can fly

    So please don't be shy

    Time is ticking away

    Drink the bottle or eat the cake

    As Peter Pan would say

    Wait and be awake

     

    A head full of fears

    And cheeks full of tears

    The air whispers a lost song in your ears

    Don't listen and see

    It's the villains of the story

    They are so tricky

    Burn the barriers, run through the trees

    Before it's too late

    To create and escape

    So come on, pass the gate

     

    Remember to dream

    This is not what it seems

    There's nothing silly

    In a rabbit drinking tea

    Or a cat made of mist

    Doesn't mean it doesn't exist

    So come on, take my hand

    Let's get lost in the madness of Wonderland ©

     

    Image de fairy tale, old, and quote 


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  • Se laisser engloutir par la masse tentaculaire de la ville en effervescence. Noyé dans ses lumières et son ciel sans étoiles. Descendre en son cœur en empruntant les ramifications souterraines de son réseau métropolitain. La ville a un cœur qui bat à cent à l'heure et ses millions d'habitants constituent ses millions de cellules. Une co-dépendance extrême s'est mise en place. Que serions-nous sans elle, que serait-elle sans nous ? ©

     

    Image de city, grunge, and night


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